" (...) Pour répondre à la commande du parcours artistique ARTÈRE invitant à redynamiser les centres bourgs du pays Val-de-Garonne-Guyenne-Gascogne, Laurent Lacotte a décidé d’installer une cabane pour réfugiés dans le petit village de Lauzun.

Le choix de son implantation n’a pas été évident. Il a soulevé beaucoup de questionnements et a témoigné d’une réalité complexe lorsqu’il s’agit de placer un refuge dans l’espace public. Initialement prévu au pied du château de Lauzun, Laurent Lacotte a dû chercher un nouveau lieu pour cet abri lorsqu’il a appris le refus des propriétaires de l'accueillir à proximité de leur faste demeure. Il aurait pu se retrouver au coeur du village. Mais, là encore, il risquait de se se fondre dans l'ambiance de chantier des rues alors en travaux. Finalement, l'abri d'urgence a trouvé sa juste place en contrebas du village sur la presqu’île du petit lac municipal.

Lorsqu’on veut redynamiser un espace urbain, il n'est pas rare de faire appel aux artistes. Ici, c’est justement l’artiste qui propose de nouveaux acteurs. En choisissant de convoquer symboliquement les populations déplacées et en redéfinissant les rôles, il ouvre la voie d'une potentielle solution alternative. La population stigmatisée prend alors le relais et joue la carte de catalyseur là où d'autres ont échoué. Au lieu de raviver la flamme des aprioris, Laurent Lacotte insuffle un courant presque romantique sur la la thématique des flux migratoires. Un sentiment doucereux prend sa source à l'emplacement précis de la cabane. Située au pied d’un saule pleureur, entourée d’eau, elle s’inscrit dans le paysage comme un lieu de rendez-vous, un point de rencontre. D’une contrainte à une autre, cet abri MSF s’inscrit maintenant comme un nouveau lieu de protection. Par ailleurs ce projet convoque l’histoire de plusieurs villages en Italie qui ont repris vie grâce à l’arrivée d'exilés. Les échanges humains ont réactivé le lien social là où il n’y avait plus d’espoir.

Dans une logique collaborative et participative régulièrement appliquée à ses créations, Laurent Lacotte a travaillé sur ce projet avec les élèves d'un lycée professionnel spécialisé dans les sciences de l'habitat.

Bien plus qu’une réflexion, HABITER permettra à tous les habitants de se confronter une architecture invisibilisée et d'évoquer la dure condition de femmes et d'hommes déplacés. Ainsi, nous pouvons sonder la part d'humanité qui demeure ou non en chacun de nous. "

Maylis Doucet, 2017.