DIMITRI A DISPARU, 2023

Adhésif sur mur.

Vidéochroniques, Marseille.

Dimitri fait la manche non loin de chez moi, près du Tabac "Le Voltigeur".

On se connaît depuis une dizaine d’années. On a sympathisé le jour où je lui ai donné mon ancien blouson, une armure bien dérisoire contre le froid.

Il est roumain et vit en France depuis une quinzaine d’années. Peu de temps après son arrivée dans le pays, il est tombé d’un échafaudage alors qu’il travaillait sur un chantier. Son activée salariée n’était pas pas déclarée. L’accident l’a abîmé pour toujours. Aucun recours possible contre son employeur de l’époque.Depuis Dimitri vit de mendicité. Il survit dans la rue. Le soir, avant la tombée de la nuit, il répète les même gestes. Il se lève péniblement et disparaît en boitant, trainant derrière lui sa grosse valise qui lui sert de siège durant la journée. Il disparaît jusqu’au lendemain matin, à l’heure de l'ouverture du Tabac-Presse. Tenu par une sangle tendue, le petit bout de polystyrène qui lui sert de dossier la journée reste en place même quand il n’est pas là. Il marque ainsi son absence par sa présence.

Lors des fêtes de fin d’année, Dimitri retourne en Roumanie. Je ne sais pas ce qu'il dit de sa situation à sa famille. Je sais par contre qu’il apporte des cadeaux à celleux qu’il aime. Habituellement, Dimitri rentre mi-janvier de son voyage.

Cette année, peu de temps avant l’ouverture de l’exposition prévue le 10 février à Vidéochroniques, il n’était toujours pas revenu.

J’ai décidé de notifier son absence dans l’exposition à travers cette simple phrase : "Dimitri a disparu". Sous l’escalier de secours.

Depuis Dimitri est revenu.

Mais depuis quelques jours il a de nouveau disparu.

MERDRE

Exposition collective

Commissariat : Thibaut Aymonin, Julien Ludwig-Legardez, Olivier Ludwig-Legardez, Édouard Monnet

Vidéochroniques, Marseille.
10.02.23 - 25.03.23