" (...) Outre la simple installation d’un corpus d’oeuvres dans les espaces communs ainsi que les loges des gardiennes et gardiens des immeubles, nous souhaitions aller à la rencontre des habitantes et des habitants pour tenter de comprendre leur rapport aux propositions artistiques qui leur étaient faites habituellement.

Pour cela, nous avions besoin d’un prétexte.

L’idée du paillasson nous est apparue comme une presque évidence après avoir commencé à photographier multitude de ceux qui nous étaient donnés à voir lors de nos ascensions ou descentes d’étages dans les immeubles. Symbolisant la frontière entre l’extérieur et l’intérieur, ces derniers nous permettraient paradoxalement de franchir les différents seuils qui se présenteraient à nous. Un opportunisme ambigu séduisant. Pour ce faire, nous avons écrit une lettre invitant les locataires désireux d’échanger leurs anciens paillassons contre un neuf à se manifester.

Plusieurs nous répondirent, les portes s’ouvrirent.

Nous avons choisi de produire chacun huit paillassons en conséquence.

Pour ma part, je me suis tourné vers des formes abstraites et très colorées suite à la récurrence d’une demande observée dans les propos recueillis auprès des habitants qui souhaitaient plus de couleur dans les oeuvres. Les formes, que j’ai peintes à la bombe aérosol sur la fibre coco des paillassons, rappellent par ailleurs l’esthétique graffiti. Une façon à mes yeux d’inviter le dehors dedans, de transformer le geste vandale et salissant en une oeuvre sur laquelle on s’essuie les pieds avant d’entrer. (...) "

LL, 2017